Aspects cutanés des parasitoses

Les dermatoses tropicales peuvent se regrouper sous 2 rubriques, amenant les patients à consulter : Le prurit et les lésions.

Pr. Patrice BOUREE

Unité des Maladies Tropicales - Hôpital Bicêtre
Journée de Cochin - Novembre 2007

II est dû a deux causes essentielles : les filaires et la phase d'invasion des bilharzioses.

Les filaires sont des affections typiquement tropicales, nécessitant une infestation répétée sur plusieurs mois.

De ce fait, c'est une maladie des autochtones ou des coopérants, mais pas des touristes ne passant que quelques semaines en zone d'endémie.

    • La filaire Loa loa, située exclusivement en Afrique centrale est transmise par la piqûre d'un taon. Elle provoque un sillon cutané, des œdèmes fugaces et migrateurs et un prurit. Un symptôme impressionnant est le passage de la filaire sous la conjonctive: photophobie et conjonctivite mais pas d'atteinte de la vision.
    • L'onchocercose, en Afrique intertropicale et en Amérique du Sud, est transmise par la piqûre d'un moucheron (simulie). Elle se manifeste par du prurit intense, entraînant une dépigmentation cutanée, une lichenification de la peau mais surtout une atteinte de la rétine avec évolution vers la cécité . Le diagnostic est établi sur la recherche des microfilaires dans le sang vers 12h (Loa loa) ou dans la peau (onchocercose). Le traitement actuel est base sur le Stromectol® en prise unique, qui a remplacé la Notezine®, très mal tolérée.
    • La dermatite des nageurs survient après un bain en eau douce infestée par la bilharziose, en zone tropicale. Cette phase de prurit, passagère, est suivie plusieurs mois après, de troubles digestifs ou urinaires. En Europe (lac de Neuchâtel, lacs d’Italie du Nord), la dermatite des nageurs est due à la bilharziose des canards, mais ce parasite n'étant pas adapte à I'homme, elle reste cutanée.

Outre une éruption fébrile, due a la dengue, les lésions les plus habituelles sont dues à une filariose, aux larves de nématodes ou aux leishmanioses cutanées.

    • La dengue est une arbovirose tropicale transmise par la piqûre d'un moustique (Aedes). Le patient se plaint de myalgies, d'arthralgies, d'une fièvre élevée (39-40°C) et d'une éruption rubeoliforme. Le diagnostic n'est que sérologique et le traitement est symptomatique.
    • La filaire de Médine, répandue encore en Afrique noire, se manifeste par un sillon cutané qui se termine par une vésicule qui éclate et laisse apparaître une ulcération d’où sort un ver blanchâtre que I'on enroule sur une allumette. La vaccination antitétanique est une précaution indispensable.
    • Les larva migrans apparaissent, après un séjour sur une plage tropicale, ou des larves d'ankylostomes de chien, éparpillées avec les excréments, pénètrent à travers la peau. Elles se manifestent par un sillon cutané érythémateux, prurigineux et mobile. Le diagnostic est base sur !'inspection et Ie traitement sur le Stromectol® (200 µg/kg) en prise unique. Ces mêmes lésions mobiles d'heures en heures (larva currens) sont dues aux larves d'anguillules. Dans ce cas, I'examen de selles permet de retrouver les parasites. Le Stromectol® est efficace.
    • La leschmaniose cutanée est due à la piqûre d'un petit diptère, ou phlébotome, sur Ie pourtour méditerranéen et en Europe centrale.Elle se· manifeste par une ulcération indolore recouverte d'une croûte (clou de Biskra, bouton d'Alep, bouton d'Orient). En Amérique du Sud, les lésions sont cutaneo-muqueuses et très mutilantes. Le diagnostic est établi par un frottis cutané, pour rechercher les leishmanies.Le traitement est basé sur le Glucantime®, en sous-lésionnel et par voie générale en cas de lésions étendues ou multiples.
    • L'amibiase cutanée est exceptionnelle, due a la propagation des amibes à partir de I'anus, et provoque des ulcérations péri-anales et péniennes.
Au total, devant un prurit ou une lésion cutanée survenant après un voyage tropical, il est important de faire préciser les pays visites et le contexte épidémiologique pour pouvoir orienter le diagnostic et le traitement.